Stop à la génération Kleenex

Le marketing de masse.

Le mouchoir jetable est emblématique du 20ème siècle. Inventé en 1924, le très américain Kimberly-Clark créa la marque Kleenex. Chaque américain en utilise aujourd’hui 1200 par an, chaque français 160. Des centaines de milliards par an à l’échelle de la planète. A tel point que, comme nombre de produits de grande consommation, le nom déposé a supplanté le nom commun et la seule marque internationale domine désormais la multitude des idiomes locaux. « T’aurais pas un Kleenex ? » Vive le marketing de masse !

L’épuisement des ressources naturelles.

Mais par le Kleenex, ce ne sont pas seulement les mots de nos dictionnaires que nous délaissons. A raison de 2gr par mouchoir, en supposant que la consommation planétaire est trois fois la consommation américaine (soit 3 x 40 = 120 milliards), ce sont 240.000 tonnes de mouchoirs produits chaque année. Et donc nombre de ressources naturelles détruites en proportion : le bois (2 à 3 kg par kg de papier), l’eau (500l par kg de papier), l’énergie sur toute la chaîne de production, de distribution et de consommation). Au début des années 2000, l’association Greenpeace s’est émue des conséquences d’un tel gâchis sur les forêts boréales canadiennes, largement exploitées par Kimberly-Clark. Plus récemment, l’AACC – association des Agences Conseil en communication – a aussi dénoncé les agissements de l’AAP – Asian Pulp Paper – sur les forêts primaires d’Indonésie. Ces pressions ont abouti à une utilisation plus large de fibres issues de forêts gérées durablement ou recyclées et à la traçabilité des pâtes à papier. Mais elles ne représenteraient aujourd’hui qu’environ 40 % des tonnages, tant pour les mouchoirs que pour tous les autres produits d’hygiène à usage unique : Sopalin, Pampers, Lotus, Tampax – Oh pardon ! Essuies tout, couches culotte, papier de toilette et serviettes hygiéniques : des dizaines de millions de tonnes par an.

Le Kleenex est donc aussi le porte-drapeau d’une culture consumériste, inconsciente ou insensible aux prélèvements parfois irréversibles qu’elle implique sur nos ressources naturelles et des montagnes de déchets qu’elle génère.

De l’éphémère à la précarité.

Le mouchoir jetable est intrinsèquement voué au rebut. Il illustre le destin de tous nos produits de consommation : la poubelle. Pourquoi conserver, réparer lorsque l’on peut remplacer ? Quand quelque chose ne fait plus mon bonheur, je jette. A peine acquis, sitôt démodé. Et si nous résistons un peu, les industriels programment l’obsolescence de leurs productions pour en limiter la durée de vie.

Le « tout de suite », le « toujours nouveau » gangrène aussi nos relations sociales. L’engagement dans la durée devient une gageure. Les couples se séparent, les familles se disloquent. A la faveur des multiples moyens de rencontre, les nouvelles têtes deviennent faciles à trouver. Et si au bout d’une soirée, d’un mois ou d’un an, la relation se complique : Kleenex ! Et pourtant, même l’amour se répare. Le saviez-vous ?

Les départements des ressources humaines de nos entreprises ont suivi le mouvement : on n’adapte plus le travail aux employés, on jette ceux qui sont dépassés. En 2006, face au projet français de CPE (contrat de première embauche), les jeunes générations brandissent sur leurs banderoles : non aux emplois Kleenex !

Kleenex au Kleenex !

Heureusement, nous sommes au 21ème siècle. Tout cela c’est de l’histoire ancienne. Nous entrons progressivement dans l’ère du verseau. Le Kleenex et le Bic seront bientôt oubliés au profit d’une époque d’harmonie retrouvée.

Et bien sûr, vous n’utilisez tous désormais que les mouchoirs en tissu !


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