C’est à partir de 1736 que les tisserands du Choletais se tournent vers la réalisation de mouchoirs. Le développement y est si rapide que moins d’une décennie plus tard, les mouchoirs y supplantent les toiles. Ironie de l’histoire, et bien avant l’expansion mondiale du kleenex américain, c’est le marché outre atlantique alors en pleine expansion qui profite aux produits choletais ! En 1751, ce sont 942 métiers qui travaillent sur les seuls mouchoirs, dans le seul ressort du bureau de Cholet. Et c’est vers le milieu du 19ième siècle que cette industrie connait son apogée.
Les mouchoirs y étaient-ils rouges ? Non. Tissés en lin ou coton, ils étaient le plus souvent blancs avec d’éventuelles variantes colorées : carreaux bleus et blancs ou rouges et blancs, blancs à bordures rouges ou bleues.
« Le mouchoir rouge de Cholet » est né d’une chanson de 1897, commandée par des cercles royalistes, sous la plume bretonne du chanteur Théodore Botrel (1868-1925). Ce dernier est alors au fait de sa gloire, notamment avec son tube de 1895, « la paimpolaise ».
En 1900, Léon Maret, fabricant choletais, observa que Théodore Botrel chantait sa chanson avec un mouchoir violet et blanc ! Il prit alors l’astucieuse initiative de tisser spécialement pour Botrel un mouchoir rouge à bandes blanches et de lui en envoyer quelques spécimens à Paris. Botrel, enchanté, en offrit à ses amis, les chansonniers de Montmartre, en décora son studio et le cabaret où il se produisait.
Dans les deux premières décennies du XXième siècle, les premiers pas du mouchoir rouge sont ceux d’un article qui n’a pas été conçu pour être un accessoire d’hygiène mais préfigure le « produit dérivé » d’un succès musical. Il sera notamment reproduit à des milliers d’exemplaires sur cartes postales de promotion de la chanson de Botrel.
Progressivement « le mouchoir de Cholet », promu par les industriels locaux, sera supplanté par « le mouchoir rouge de Cholet », devenu véritable emblème de la ville.
Son histoire n'est pas sans rappeler la diffusion récente des bonnets rouges breton par un industriel avisé !
J'avais acheté pour ta fête
Trois petits mouchoirs de Cholet
Rouges comme la cerisette
Tous les trois, ma mie Annette
Ah qu'ils étaient donc joliets
Les petits mouchoirs de Cholet
Ils étaient là, dans ma poquette
Près du vieux mouchoir blanc, si laid
Et tous les soirs, la guerre faite
Dans les bois, ma mie Annette
En rêvant de toi, je rêvais
Aux petits mouchoirs de Cholet
Les a vus Monsieur De Charette,
Les voulut, je les lui donnai
Il en mit un dessus sa tête,
Le plus biau, ma mie Annette,
C'était le plus fier des plumets,
Le petit mouchoir de Cholet
Fit de l'autre une cordelette
Pour pendre son sabre au poignet
Fit du troisième une bouclette
Sur son coeur, ma mie Annette
Et tous les jours les bleus visaient
Les petits mouchoirs de Cholet
Ont visé le coeur de Charette
Ont troué... celui qui t'aimait
Et je va mourir ma pauvrette
Pour mon Roi, ma mie Annette
Et tu ne recevras jamais,
Tes petits mouchoirs de Cholet
Mais Qu'est-ce là, dans ma poquette?
C'est mon vieux mouchoir blanc... si laid,
Je te le donne pour ta fête,
Plein de sang, ma mie Annette,
Il est si rouge qu'on dirait
Un mouchoir rouge de Cholet.